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CHAPITRE 1

 

Tu veux ou tu veux pas ?

 

 

 

 

 

 

Juin 2020 : Je suis convoqué par le président de l'université. Jusque-là, j'étais un modeste prof de physique du Supérieur. D'accord, j'avais bricolé des systèmes plutôt originaux, j'avais écrit quelques articles scientifiques d'avant garde remarqués, mais que peut-on bien me vouloir ?

Le président n'y va pas par quatre chemins :

- Pas de chance pour toi, tu as été repéré !

Je m'affole :

- Qu'ai-je donc fait ?

- Rassure toi : rien de mal, au contraire ! C'est à ton ouverture d'esprit qu'on en veut. Je dois d'abord te poser une question.

- Ah ! Vas-y !

- Est-ce que tu es d'accord pour assister à une réunion et n'en parler à personne, sous aucun prétexte ?

- Bien sûr que je suis partant ! Tu me connais, non ?

Il a un petit sourire :

- C'est parce que je te connais que je te propose ça ! Est-ce que tu peux te libérer une semaine et te couper complètement du monde ?

- Pourquoi faire ?

- Ça, je n'ai pas le droit de te le dire. Tu dois me faire confiance. Mais tu n'es pas obligé.

Je suis par nature joueur et aventurier. Je fonce :

- Ça marche !

Il me fait signer des liasses de papiers et de dégagement de responsabilités, puis :

- Viens demain avec une valise et des affaires pour une semaine. N'en parle à personne !

 

La nuit est longue : il se cache où, ce sommeil ? Impossible de le trouver !

Mais le lendemain, j'ai l'occasion de me reposer : à peine suis-je entré dans le bureau du président qu'il me sert un verre … et je m'endors !

Somniféré que je suis !

 

Wahou ! Mais c'est qu'elle est mimi !

La petite infirmière en blouse blanche m’examine puis déclare :

- Tout va bien !

Et elle s'évacue.

Je me retrouve affalé dans un fauteuil, dans une pièce que je ne connais pas. Une grande table de réunion et quatre paires d'yeux qui me dévisagent. Ils appartiennent à des messieurs « de certains âges », costume-cravatés, aussi joyeux qu'un concours de pets dans un goulag. Je m'entends dire :

- Je préférais la vue de l'infirmière ...

Celui qui doit être le chef, chauve comme un flan à la vanille, prend la parole :

- Nous sommes désolés de vous avoir fait venir dans ces conditions.

- Je le suis peut être encore plus que vous ! Où suis-je ?

Il ne sourit même pas :

- Nous tenons à ce que cet endroit soit parfaitement secret et nous avons dû vous endormir pendant votre trajet.

- Délicate attention !

Il s'énerve un tantinet :

- Laissez moi parler, voulez-vous ?

Vaincu, je le branle (le chef). Il poursuit :

- La conversation que nous allons avoir doit être tenue entièrement secrète. Vous ne nous avez jamais vus, vous n'êtes jamais venu ici. C'est bien compris ?

- Parfaitement.

- Vous êtes célibataire et sans famille, n'est-ce pas ?

- Gagné !

- Nous vous avons sélectionné pour vous confier une mission très spéciale, qui peut mettre votre vie en péril. Vous ne serez pas obligé de l'accepter. Mais croyez moi, si vous l'acceptez, vous vivrez la plus formidable expérience qu'aucun homme n'a vécu ces derniers siècles. En plus, nous vous mettrons à l'abri du besoin financier pour le reste de vos jours.

 

Ma conscience professionnelle revient au galop :

- C'est que j'ai des cours à assurer, moi.

Un autre me répond :

- Mettez cela entre parenthèses. Vous serez, disons, détaché pour une durée indéterminée. Vos étudiants auront un autre professeur et ils seront satisfaits, même si bien sûr, cet autre professeur n'arrivera pas à vous égaler...

Je le remercie d'un clignement de sourcil pour ce trait d'humour bienvenu. Ce doit être un universitaire, lui, au moins. L’œuf reprend :

- Êtes vous prêt à m'écouter résumer en une phrase ce qu'on attend de vous ?

Je prend l'allure du sportif devant l'épreuve de sa vie et je lance d'une voix grave et responsable :

- Oui ! Je suis prêt !

- Eh bien voilà : on va vous transférer dans l'année 2060, vous allez y vivre quelques semaines, et vous reviendrez nous dire ce que vous aurez vu !

 

Gloups ! Pas évident d'avaler sa salive après cette déclaration. J'essaie de digérer tant bien que mal l'information. Est-ce qu'ils se foutent de moi ? Je les regarde attentivement : toujours pas le moindre signe d'humour sur leurs faces de croques morts !

Je leur demande cependant :

- C'est une blague ?

Ils me scrutent :

- On a l'air de plaisanter ?

- Je dois avouer que non !

Un petit ouistiti d'une trente troisaine d'années, auquel je n'avais pas prêté attention, prend la parole :

- Je suis comme vous professeur à l'université française. Comme vous, mes recherches sont à la limite entre la physique et la métaphysique.

J'ai un déclic :

- Vous ne seriez pas le professeur Récamier, par hasard ?

Il tique et élude la question :

- Pas de noms entre nous. Tout doit être parfaitement secret. Vous-même vous serez rebaptisé. Comment souhaiteriez-vous vous appeler ?

Je réfléchis un chouia et rigole :

- Appelez moi : Agent QI 007 !

- Si ça vous amuse … mais il me faudrait surtout un prénom. Et un prénom disons … classique.

- OK ! Va pour Albert !

- Enchanté, Albert ! Moi c'est Alfred. Nous serons appelés à travailler ensemble si vous acceptez votre rôle.

Ce type me plaît finalement :

- Enchanté ! Pouvez-vous m'en dire plus ?

Il prend une bonne inspiration et se jette :

- Voilà : lors de mes recherches en métaphysique, j'ai trouvé le moyen de rentrer en contact avec des scientifiques vivant en 2060. Oh, un contact tout à fait indirect. Nous ne nous voyons pas, nous ne nous parlons pas, mais nous arrivons à percevoir nos présences. Il m'ont donné, par un moyen que vous ne devez pas connaître, la possibilité de hisser un de mes contemporains jusqu'à leur époque. Ils vous accueilleront, vous aideront à voyager sur la terre de 2060, et vous aideront à revenir nous voir.

- Houlà ! Vous êtes sûr que ça peut marcher, ça ?

- Pas du tout ! Il faut leur faire confiance.

- C'est que vous me demandez de prendre un grand risque là !

- J'en suis conscient ...

Je me réunis moi même pour une courte cogitation. Je n'arrive pas à peser le pour et le contre. Je lui demande juste :

- Pourquoi m'avoir choisi, moi ?

- Parce que vous êtes biologiquement compatible, ce qui est rare. De plus, nous travaillons dans le même domaine, vous êtes très curieux et peu conformiste... et l'essentiel de votre vie est derrière vous ! Que risquez-vous ? De mourir un peu plus tôt que prévu ?

Il n'a pas tort le bougre. J'ai déjà beaucoup voyagé dans ma vie. Ce type de voyage serait l'apothéose ! Mais je veux me donner le temps de la réflexion :

- Il vous faut une réponse pour quand ?

- On peut vous laisser quelques jours de réflexion.

Mais crâne d’œuf poursuit :

- Par contre, pendant cette réflexion, vous ne devez pas sortir de nos infrastructures !

Je m'offusque :

- Serais-je prisonnier ?

- Un prisonnier de luxe ! Dans une villa avec piscine et une infirmière pour veiller sur votre santé.

- Celle qui m'a réveillé ?

- Si vous voulez, oui.

- Je sens que ma réflexion va être longue !

Il tapote sur son téléphone. Un moment de silence, puis la petite infirmière fait son apparition dans la salle. Et quelle apparition ! Blonde, pas trop grande, un regard légèrement ironique, un sourire enjôleur. De la très bonne compagnie !

- Mademoiselle, voulez-vous accompagner monsieur dans ses appartements et lui tenir compagnie tout le temps de sa réflexion ?

Elle me sourit et me lâche d'une petite voix suave :

- Si vous voulez bien me suivre !

Un peu que je veux !

Les couloirs sont longs, mais trop courts quand on suit une si jolie créature dont la robe se balance gracieusement à chaque pas et le délicat parfum flatte les narines. Je me permets de lui demander :

- Vous vous appelez comment ?

- Sonia.

Joli prénom, qui me rappelle la sœur d'un copain de lycée qui m'avait hypnotisé par son regard. Elle poursuit légèrement moqueuse :

- Vous, c'est Albert, je crois ?

Immédiatement, je regrette d'avoir choisi un prénom aussi ridicule !

 

Mais c'est que c'est grand ici !

Nous avons quitté le bâtiment et cheminons à travers bois dans un chemin qui nous mène jusqu'à une petite maison dans une clairière. Une piscine est effectivement présente. « Diantre ! Je n'ai pas pensé à prendre un maillot de bain ! » Mais en même temps, comment aurais-je pu deviner ?

Sonia lit dans mes pensées :

- Vous n'aurez qu'à vous baigner tout nu !

Je réplique, malicieux :

- Si vous le faites vous aussi, je serai bien obligé de m'y plier !

Nous entrons dans la maison : grandes baies vitrées, un grand salon avec cheminée et coin cuisine, deux belles chambres avec chacune une salle de bains.

- Qu'elle chambre choisissez-vous ?

Les deux me plaisent. Je me décide pour celle qui est orientée est, histoire d'être réveillé par le soleil. Elle répond :

- Je prendrai donc l'autre !

J'aime bien que les situations soient claires :

- Vous êtes infirmière réellement ?

- Infirmière diplômée d'état, oui.

- Quel doit être votre rôle pendant mon séjour ici ?

- Veiller sur votre santé, mais aussi vous tenir compagnie et m'occuper des questions pratiques telles que les repas, le nettoyage.

Je réagis :

- Veiller sur ma santé, soit ! C'est votre boulot ! Mais je n'ai pas besoin d'une dame de compagnie et encore moins d'une femme de ménage ou d'une cuisinière.

Son sourire s'éteint immédiatement :

- Vous ne souhaitez pas que je reste ?

- Si ! Je le souhaite ardemment. Mais je ne veux pas que vous vous sentiez obligée de quoi que ce soit. Et pour la bouffe et le ménage, on s'en occupe en commun. Ça vous va ?

Elle redevient radieuse :

- Ça me va, oui !

- On se tutoie ?

- Si vous voulez … heu si tu veux !

Et on part d'un grand éclat de rire !

J'installe mes affaires dans l'armoire. C'est du rapide, vu ma petite valise. Puis je file sous la douche.

 

Par contre, dès que je me retrouve seul, la cogitation commence. J'accepte, ou pas ? Ma vie est à un carrefour. Décision difficile à prendre quand on est au pied du mur. Et comme chaque fois que je n'arrive pas à me décider, mon estomac se noue, mes traits se crispent.

Sonia s'en aperçoit lorsque je sors de la douche, serviette autour du ventre :

- Ça n'a pas l'air d'aller !

- Je n'arrive pas à avoir les idées claires !

- C'est aussi dû à l'anesthésie. Ils n'ont pas fait semblant !

- Peut être ...

Elle reste un instant silencieuse puis me propose :

- Veux tu que je t'aide à évacuer cette saloperie ?

- Si tu as une recette miracle, je veux bien, oui !

- Assieds toi !

Je me pose dans le canapé pendant qu'elle s'active à la cuisine. Elle revient avec une infusion :

- Tiens ! Bois ça !

- C'est quoi ?

- Que du naturel ! Bois !

Pas terrible, le machin. Mais je sens que ça me décongestionne un peu les boyaux. La tasse finie, elle me prend par la main et m'attire dehors au bord de la piscine. Un bain de soleil confortable fera office de table de massage. Elle me fait allonger sur le ventre, serviette sur les reins, et attaque un massage style shiatsu :

- Tu es tout contracté de partout. Je vais détendre tout ça !

Mes pensées se concentrent sur les mains douces et fermes à la fois qui malaxent mes omoplates puis ma colonne vertébrale. Mes muscles se relâchent peu à peu. Mon estomac se dénoue et commence même à gargouiller. Je me vide ainsi l'esprit tout doucement et me laisse aller a des pensées qui prennent progressivement une tournure érotique. Elle s'en aperçoit mais demeure très professionnelle. C'est pas plus mal ainsi finalement !

Au bout d'une dizaine de minutes de ce traitement, une douce quiétude m'envahit, doublée d'une certaine euphorie. C'est fou comme c'est efficace ce type massage shiatsu !

Mais tout à une fin. Et en plus j'ai faim.

Elle me libère :

- Je vais préparer à manger !

Et elle fuit à la cuisine.

Je file m'habiller de façon plus présentable et la rejoins. Nous nous préparons nos endives-fromage-oeufs durs et commençons à manger tranquillement comme un vieux couple. J'essaie de me concentrer sur mon problème décisionnel mais elle m'arrête :

- Ne pense à rien ce soir ! Laisse décanter. Plus tard, la solution te paraîtra évidente !

Humaine, intelligente, douce. Mais c'est qu'elle a toutes les qualités cette petite infirmière !

 

Je tombe de sommeil, alors que d'habitude il me faut un nombre considérable de moutons avant de commencer à fermer un œil :

- Je vais me coucher ! Je suis mort !

Je me jette dans mon lit. Qu'est-ce qu'elle fait pendant ce temps ?

Je n'en sais rien ! Je roupille !

 

Wouah ! Ce soleil !

Que c'est bon de se lever à l'aube en été par les belles journées ensoleillées.

Pas de Sonia dans les parages. Je suis d'humeur radieuse et me prépare mon café en chantonnant dans ma tête.

Tout en le sirotant, je pense à mon problème :

J'ai toujours aimé l'aventure et les voyages. Je suis extrêmement curieux de tout et notamment de l'avenir. Qu'est-ce que je risque ? De mourir un peu plus tôt que prévu ? La belle affaire !

Et puis surtout, si je ne pars pas, je le regretterai le reste de mes jours. Donc il n'y a pas à réfléchir davantage : je dois accepter !

Une charmante apparition sous forme d'une Sonia en nuisette s'encadre dans mon champ de vision. Je ne peux pas m’empêcher d'être franc :

- Comme tu es belle !

Elle ne se vexe pas et me sourit. Je lui désigne une chaise :

- Pose le là ! Je vais te faire ton thé !

Tout en m'activant, je lui signifie :

- La solution m'est effectivement apparue ce matin : j'accepte !

- Oh ! Ne t'emballe pas comme ça ! Prends quelques jours pour laisser mûrir cette décision. Une fois que tu seras engagé, tu ne pourras plus faire marche arrière. Il nous faut du solide !

 

Nous invitons Alfred à manger à midi. D'autant plus que comme je n'ai pas le droit de sortir, c'est lui qui va faire les courses avec Sonia. Bien sûr, ils causent entre eux, et à mon sujet en plus ! A leur retour, Alfred me demande directement :

- Alors, comme ça, vous pensez accepter ?

- Non, Alfred ! Pas comme ça !

Des points d'interrogation lui sortent des oreilles. Sonia marque un temps de pause, cogite, me regarde puis sourit :

- Pas comme ça, Alfred. Tu dois lui dire : « alors, comme ça, TU penses accepter ? »

Mais c'est qu'elle me connaît déjà bien la gueuse ! J'ai effectivement horreur du vouvoiement ! Je surenchère :

- Oui, Alfred. Je pense accepter. Et si tu me vouvoies encore, c'est que tu penses que je suis vieux et con !

Il rigole :

- Ah ben toi alors !

Puis il redevient sérieux :

- Je te laisse encore quelques jours. Dimanche soir, tu me donneras ta décision définitive.

Ce que je ne sais pas, c'est qu'ils ont décidé avec Sonia que si j'ai le moindre atermoiement, le moindre doute, ils laisseront tomber et choisiront quelqu'un d'autre. Elle doit aussi se montrer parfaitement neutre et ne surtout pas m'influencer d'une façon ou d'une autre.

 

Les jours se succèdent. Ce petit paradis pourrait se transformer en prison dorée si j'étais seul. Mais avec la présence constante de Sonia, ça reste un paradis. Une charmante petite routine s'installe, rythmée par les séances de piscine, d'entretien du jardin, les repas, les longues après midi à ne rien faire, et parfois quelques massage shiatsu.

Sonia est charmante, mais toujours un peu distante. Elle semble apprécier ma participation aux tâches ménagères. Il faut dire que je n'ai rien d'autre à faire !

Un matin, elle va pour prendre mon linge sale. Je rue :

- Il n'en est pas question ! Je vais m'en occuper moi même.

- C'est bien la première fois qu'on me fait ce coup là !

 

Au hasard des circonstances je lui sors des compliments de plus en plus directs. Sous forme de plaisanterie, OK. Mais sa subtilité en comparaison de mon esprit bourrin lui a bien fait comprendre que je commence à l'apprécier très particulièrement, et pas uniquement pour son physique. Elle n'en fait rien voir et garde le cap de l'infirmière privée.

Par contre, à aucun moment on ne parle de ma décision à prendre. Pour moi, c'est très clair et il n'y a plus à ergoter !

 

Le dimanche soir, Alfred arrive, un gros sac sous le bras. Il s'entretient en catimini avec Sonia puis nous nous retrouvons tous trois au salon. Il n'y va pas par quatre chemins :

- Alors ?

- Alors, merci pour ces quelques jours de vacances en compagnie de Sonia. Mais ils n'étaient pas nécessaires. Je t'ai dit lundi que j'acceptais. Ma décision est très claire et n'a pas varié d'un yota : j'accepte, quelles qu'en soient les conséquences !

Il sourit :

- Je m'en doutais.

Il sort une liasse de documents de son sac, que je signe les uns après les autres. C'est qu'ils ont tout prévu : détachement de mon corps d'enseignant du supérieur, intégration dans les services spéciaux, propositions de rémunération, dégagement de responsabilités etc.

Une fois cela fait, il sort de son sac une bouteille de champagne...

Avant d'être saoul, je lui demande :

- Comment ça va se passer maintenant ?

- Tu vas rester dans cette maison tout le temps de ta formation. Mais tu pourras sortir dorénavant. Par contre, secret absolu !

- Je pourrai amener une de mes motos ?

- Même toutes si tu veux. Tu es ici chez toi maintenant, et pour plusieurs années. Installe toi complètement !

Je regarde Sonia. Son attitude par rapport à moi a changé, sans que j'arrive à définir pourquoi. Je m'enhardis :

- Si ce n'est trop demandé, je crois que j'aurai encore besoin d'une infirmière...

Et ce zigoto d'Alfred de me répondre :

- Donc il faudrait trouver quelqu'un d'autre que Sonia !

Mon cerveau durcit subitement, se fissure et éclate en mille morceaux comme dans les dessins animés. Mais c'est que je commence à y tenir, à Sonia ! Alfred rigole de mon désarrois :

- Sonia n'est pas infirmière, en fait.

C'est elle qui poursuit :

- J'ai une formation de psychiatre. Mais je me suis spécialisé ensuite dans les sciences ésotériques. Par passion surtout. Et je mène des activités de recherche dans ce domaine.

- Alors pourquoi m'avoir dit que tu étais infirmière ?

- Parce que dans la première phase de la décision, mon rôle était de t'étudier et de ne surtout pas t'influencer. Ton comportement aurait fatalement changé si tu avais connu mes réelles fonctions.

Méfiant, je demande :

- Maintenant, tu me dis la vérité ou bien il y a encore des choses à me cacher ?

- Promis, juré ! C'est la vérité. Tu vas avoir besoin de toutes mes compétences pour ta préparation au voyage …

- On va donc continuer à vivre ensemble ?

- 24 heures sur 24 ! tu ne te débarrasseras pas de moi si facilement !

Alfred a le mot de la fin :

- On va faire une bonne équipe, tous les trois !

Je m'inquiète :

- Parce que toi aussi, tu seras là 24 heures sur 24 ?

- Pas du tout ! J'ai une vie de famille, moi ! Mais je viendrai souvent.