Cameroun - France à moto

 

Avec mon pote Jérôme, à la fin de notre contrat de deux ans à Ngaoundéré (Cameroun), on décide de rentrer en France par la route plutôt que de prendre bêtement l'avion.

Départ de Ngaoundéré fin juin 1999, arrivée à Montpellier mi Août 1999. 12 000 km de routes et pistes sur sa Suzuki 650 DR et sur ma 400 XR. 

Zyeutez donc notre trajet :

 

 

J'ai réussi à retrouver et à scanner quelques photos, mais pas de première qualité ... et oui, à l'époque, le numérique en était à la préhistoire.

 

 

Question logistique, on voyage léger : surtout pas de valises rigides qui tordent la boucle arrière du cadre à la première gamelle, mais un sac à dos de chaque coté de la moto, qu'on peut changer en cas de besoin dans n'importe quel marché. Deux chambres à air de rechange et de quoi réparer les crevaisons, une poignée d'embrayage en rab, quelques médicaments, quelques fringues, du fric liquide planqué dans le guidon, du liquide (eau) dans des bouteilles de chaque coté du réservoir tenues dans une housse "étudiée pour", une trousse à outils en alu tout en bas, tapis mousse et duvet sur la selle ... et roulez jeunesse !

Pour l'essence, les 24 litres de nos réservoirs suffiront amplement, sauf en Mauritanie où les bidons vides qu'on a trimbalé jusque là trouveront toute leur utilité.

Pneus T63 neufs, kit chaînes neufs. Ca tiendra jusqu'en France.

 

A l'entrée au Nigéria, les douaniers ont voulu nous imposer un de leur collègue en passager sur une de nos motos pour faire toute la traversée du pays (1700 km de piste !). 

- On veut bien, mais vous savez, pour venir jusqu'ici, on est déjà tombé 3 fois ...

Finalement ils ne trouveront pas de volontaire !

Par contre, nos amis en 4x4 qui ont fait ce début de route avec nous mais qui continuent en direction du sud, n'échapperont pas au douanier qu'il faudra nourrir (et ça mange un douanier !), faire dormir à l'hôtel, puis lui payer son billet d'avion pour qu'il revienne à son point de départ !

Malgré nos craintes initiales, aucun problème au Nigéria. Que des gens charmants comme ces villageois qui nous ont accueillis dans leurs cases de passage. Après 300 km de piste, une douche et une bière en compagnie des notables du village. Rhaaa lovely !

Le lendemain, on donne quelques médicaments au chef (qui les distribuera en fonction des besoins) pour remercier les villageois.

Le nord Bénin passe sans problème et nous nous retrouvons au Burkina pour quelques jours de repos indispensables pour soigner la crise de palu de mon pote Jérôme.

J'en profite pour faire réparer une des nombreuses crevaisons par épines. Sur le coup, t'enlèves l'épine et tu regonfles : le préventif anti-crevaison qu'on a eu la riche idée d'introduire dans les pneus avant le départ te permet de rejoindre la première ville.

Là, un spécialiste fait une réparation "par vulcanisation" avec une rustine, une presse rudimentaire et un piston retourné, rempli d'essence en combustion ! Technique courante aussi au Vietnam.

Le Burkina était un pays très agréable avec des gens intéressants. Ici, des artistes ont joué avec des pierres en pleine brousse. 

Maintenant, attention aux coupeurs de routes et à Boko Haram. Snif ...

Traversée du Mali avec la falaise de Bandiagara et son fascinant pays Dogon. Après, à Bamako, c'est mon tour de faire un joli palu, non récurent heureusement.

 

Le Sénégal ne posera pas de problème. Une pause de quelques jours du coté de Saint Louis puis direction la Mauritanie.

Entre Nouakchott et la frontière Marocaine (500 km), à cette époque, pas de route. Les premiers 180 km se font sur la plage à marée basse, là où le sable est suffisamment dur pour bien porter les motos. Ensuite, c'est le désert et les dunes à passer à fond de 3è pour ne pas se planter lamentablement. Le tout par 45°C bien entendu. La pauvre 400 XR a tenu le coup de façon remarquable ... mais a doublé sa consommation.

" Petit " problème : la frontière avec le Maroc est fermée : les Mauritaniens ne veulent pas qu'on passe. Solution : suivre un guide en 4x4 qui nous la fait passer par des sentiers détournés. Ce qu'on a moins aimé, c'est le champ de mine de 17 km qu'il a fallu franchir en faisant confiance au guide. La veille, on a plutôt mal dormi. J'aurais encore plus mal dormi si à l'époque j'avais su que mon successeur au Gabon qui était passé par là 2 ans plus tôt avait mortellement sauté sur une mine ...

 

Au poste frontière de Guerguérat, les douaniers marocains nous accueillent à bras ouverts :

- Bravo ! vous êtes les pirates de la Mauritanie !

On attendra 1 jour que nos situations administratives soient normalisées et on montera en convoi militaire de nuit jusqu'à Dakhla. Par conte, ça caille au Sahara Occidental en plein mois d'août à cause d'un vent à décorner les maris.

 

Accueil très chaleureux au Maroc comme ces habitants d'une oasis dans le haut atlas qui ont tenu à ce qu'on dorme chez eux, couscous à l'appui !

 

 

 

Et puis ?

Et puis c'est le retour en Espagne puis en France où on est immédiatement dans l'ambiance de nos pays "civilisés". Le camping où les uns se plaignent que l'eau est trop chaude alors que pour les autres, elle est trop froide. Pas un sourire. Que des nantis qui râlent dans leur monde étriqué. Et puis la télé qui est en panne. Et puis la voiture qu'on doit changer. Et puis les impôts toujours trop lourds ...

Oh ! les mecs, c'est ça la vie ?

Allez prendre un peu exemple sur les gens qu'on a rencontré dans ce voyage avec leurs joies, leur chaleur, leur optimisme ...