Les secrétaires de l'Ecole, presque toutes gabonaises, étaient dans l'ensemble des femmes sérieuses et consciencieuses … sauf deux ou trois.

 

Aujourd'hui, je dois voir le directeur financier de l'Ecole. Poste des plus enviés puisqu'il permet de brasser pas mal de billets … qui, à cette époque, pouvaient s'évaporer un peu au passage. Comme dit mon copain Martin : l'argent ne va pas droit !

Mais le propos n'est pas là :

Je me pointe devant le bureau du directeur financier et frappe à la porte. Personne. J'essaie d'ouvrir la porte : fermée à clé. Il doit être en vadrouille dans les bâtiments. Je me pose sur un siège dans le couloir et attends.

Au bout de 10 mn, surprise. La porte s'ouvre. Une secrétaire gabonaise en sort.

Encore 5 mn et cette fois c'est le directeur financier en personne qui sort et vient vers moi avec un grand sourire :

- Donc, tu voulais me voir ?

 

Et j'ai eu l'explication à la question que je me posais depuis quelques temps : pourquoi diable a t-on systématiquement disposé un cabinet de toilette entre deux bureaux de l'administration ?

 

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Quelques temps plus tard, j'arrive à l'école un beau matin. Un groupe d'étudiants fait un grand cercle et regarde en riant trois secrétaires gabonaises en train de se crêper le chignon. Explication,  : elles viennent d'apprendre qu'elles sortent toutes les trois avec le même homme (toujours le directeur financier). Bien sûr elles sont jalouses, mais ne s'en prendront jamais à l'homme : ce n'est pas de sa faute. Il s'est juste laissé tenter. C'est la faute de l'autre fille qui a tout fait pour le séduire.

Donc elles se battent entre elles.

Et que ça pousse des grands cris, que ça se donne des gifles, que ça se tire les vêtements, que ça se roule par terre.

Lorsqu'elles montrent des signes de fatigue, les étudiants les excitent :

- Vas-y ! tire lui les cheveux !

Et leur furie reprend de plus belle.

 

Heureusement, le recteur arrive. Il disperse les étudiants, sermonne les secrétaires et les renvoie dans leurs foyers pour la journée.

Les trois femmes, très dignes, attendent le minibus-taxi sans un mot, sans un regard. Elles rentrent et s'assoient bien droites l'une derrière l'autre. Arrivées au quartier, elles descendent, toujours très dignes, donnent chacune sa pièce de 100 FCFA au chauffeur et attendent que le taxi parte.

A peine a-t-il démarré qu'elles reprennent de plus belle le combat là où elles l'avaient laissé !

Des coups, des griffures des morsures. Les gens au quartier regardent mais ne s'en mêlent pas par peur des coups perdus.

 

Le lendemain, le directeur gabonais m'appelle dans son bureau. Il est hilare !

- Regarde ce que j'ai reçu !

Il me tend un arrêt de travail d'un mois, établi par l'hôpital, pour une des trois secrétaires. Cause :

« Morsure humaine » !

 

 

La pauvre femme a perdu un téton, arraché à coup de dents !