plaidoyer pour une réforme de l'orthographe française

Plaidoyer pour une réforme de l'orthographe française.

 

La langue française est magnifique, et c'est pourquoi, en temps que Français, je l'aime. Par contre, son orthographe est une aberration qui lui porte grandement préjudice (peut-être est-ce d'ailleurs la raison essentielle pour laquelle elle est de plus en plus abandonnée dans le monde).

 

Avant tout, le but d'une langue est de reproduire le plus fidèlement la pensée de celui qui parle. Celui qui écoute doit pouvoir comprendre parfaitement ce qui a été dit. Ceci est déjà un exercice difficile !

Comme dit Bernard Werber : « Ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous avez envie d'entendre, ce que vous entendez, ce que vous comprenez ... »

Une grande partie du travail d'apprentissage du Français à l'école devrait se focaliser sur ce problème de précision de la communication.

 

Une autre partie du travail devrait aussi consister à comprendre les sens cachés de certains écrits ou dires. Savoir lire entre les lignes et développer le sens critique. Ceci permettrait entres autres de déjouer les pièges de la publicité ou, plus grave, de certains discours politiques. L'enjeu est fondamental pour les sociétés qui auraient pu comprendre les dangers des propos de certains dictateurs et s'affranchir ainsi de certaines guerres notamment.

Si l'orthographe était simple et rationnelle, son apprentissage serait rapide et on pourrait se consacrer aux tâches nobles susdites.

 

Mais non ! L'orthographe française est aberrante, voire imbécile, et l'essentiel des efforts pour l'apprentissage du français consiste à essayer de faire ingurgiter des pseudo règles bardées d'exceptions. Ceci au détriment de l'essentiel, bien sûr. La forme est actuellement plus importante que le fond !

 

Voyons d'où proviennent les principaux défauts de l'orthographe française :

 

D'abord, l'orthographe française provient en grande partie de ses origines latines et grecques.

Analysons, par exemple, le mot « orthographe ».

A quoi sert le premier h ? si on le supprime, prononcera-t-on ce mot de la même façon ? Oui !

Donc il ne sert à rien. Il ne fait que rappeler que ce mot vient du Grec ancien (lettre θ).

Continuons : le « ph » se prononce « f », comme en grec ancien. Par contre la lettre « f » française correspond exactement au même son, mais on ne l'emploie pas.

La langue française s'approprie des mots mais ne va pas jusqu'au bout de cette action qui consisterait à s'approprier aussi l'orthographe de ces mots avec les lettres qui ont été définies dans son alphabet. Je suis Français, je veux l'être complètement !

Les professeurs, surtout ceux de latin et de grec, argumenteront qu'il faut apprendre ces deux langues pour pouvoir écrire français. C'est quand même triste pour « notre » langue !

 

Poussons le raisonnement plus loin : le Français comporte de plus en plus de mots provenant de l'anglais : week-end, hamburger, boots, club, roaming par exemple. Ces mots qui ont gradé leur orthographe anglaise, doivent être obligatoirement prononcés « à l'anglaise » pour correspondre aux bons sons.

Faut-t-il, en plus du grec et du latin, apprendre l'anglais pour arriver à écrire … français ?

A partir du moment où on accepte d'inclure ces mots dans notre langue, pourquoi ne pas « françiser » leurs orthographes : ouiquènde, amebourgueur, boutses, cleube, rominegue ? (attention, plus tard je proposerai des orthographes bien plus logiques pour ces mêmes mots).

 

Première conclusion : ne tenons pas compte de l'origine des mots de notre langue pour leurs orthographes et écrivons les avec des règles françaises.

Ceci n'empêchera pas d'enseigner que le mot « orthographe » vient de deux mots grecs même si on ne le voit pas directement dans son écriture.

 

D'autres aberrations, pour ne pas dire « imbécillités » : les doubles lettres : pourquoi mettre deux « f » à « souffler » ?

et « rattraper » ? Pourquoi pas « ratrapper » ou bien « rattrapper » ? Ne serait-ce pas plus logique de supprimer les doubles lettres et d'écrire : « soufler », « ratraper » ?

 

Continuons l'analyse du mot orthographe : les deux « o » correspondent à des sons différents, mais nous utilisons la même lettre ! Le novice qui lit ce mot pour la première fois n'a donc aucune indication pour le prononcer correctement. De même, le « x » peut se prononcer « cs » comme dans « taxi » ou « gs » comme dans exagérer.

D'un autre coté, le mot qui correspond à un liquide infâme qui s'écrit « eau » pourrait tout aussi bien s'écrire « o ». Il semble vraiment stupide d'utiliser trois lettres dont aucune ne se prononce « o » alors que celle qui se prononce « o », elle, on ne l'utilise pas !

 

Deuxième conclusion : il faut une lettre (ou groupe de lettres) par son et un son par lettre (ou groupe de lettres).

 

Cette conclusion doit être généralisée aux lettres qui changent de prononciation en fonction des lettres qui les entourent : le « c » qui devient un « s » (quand il est suivi d'un « i » ou d'un « e »), le « s » qui devient un « z », le « t » qui devient un « s » (comme dans récréation), le « g » qui devient un « j », etc. Un grand nettoyage s'impose.

 

Toutes ces considérations obligent à modifier et à simplifier en profondeur notre orthographe française, en prenant soin cependant de perturber le moins possible sa grammaire.

Ce n'est qu'à ce prix que nous aurons véritablement une langue française … réellement française.

 

Qui doit le faire ?

Les spécialistes en linguistique française dans les universités et à l’Académie Française avant tout. En ont-ils envie ? Rien n'est moins sûr.

Comme cette réforme n'est pas dans l'air du temps, je proposerai plus tard une solution personnelle de réforme de l'orthographe, laquelle vaudra ce qu'elle vaudra …

 

Quelles seront les conséquences d'une modification de l'orthographe ?

Ceux qui, comme la plupart d'entre nous auront appris l'orthographe actuelle devront recommencer. Sauf que ce sera très rapide puisque les règles seront simples, précises et sans exceptions.

Plus de dictées à l'école : on se consacrera à la grammaire, à l'étude de la littérature française, qui est quand même l'élément fondamental de notre culture, et au développement du sens critique.

 

 

Les générations futures auront bien du mal à déchiffrer les ouvrages actuels, comme nous avons actuellement du mal à déchiffrer des textes en vieux français. C'est le prix à payer. Il faudra réécrire tous les ouvrages avec cette nouvelle orthographe. Profitons du passage au numérique et aux livres électroniques pour ce faire !